Depuis la crise du Covid-19, chacun a entendu parler de « pénurie de médicament » par son pharmacien. La France décide de réagir. Explications…
Une étude BVA réalisée pour France Assos Santé en mars 2023 révèle que 37 % des Français ont été confrontés à des pénuries de médicaments en pharmacie…
Durant l’hiver dernier, selon l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en France ce ne sont pas moins de 3 500 molécules dont l'amoxicilline et le doliprane – pour les plus connus – qui ont manqué (contre 2160 en 2021).
Si la France ne compte pas moins de 271 sites de productions de médicaments sur son territoire, du paracétamol à certains anticancéreux, antibiotiques ou antiépileptiques, 80% des principes actifs des médicaments vendus en Europe sont produits en Chine ou en Inde. Les principes actifs, ce sont lesingrédients d‘un médicament qui lui donnent ses propriétés thérapeutiques ou préventives.
Ainsi, par exemple, 60 % du paracétamol est produit en Asie. Dans le cas des anticancéreux, les 35 molécules de base des anticancéreux proviennent, elles, de trois fabricants chinois… En septembre 2020, la Ligue contre le cancer tirait la sonnette d’alarme quant aux "pertes de chances pour les malades touchés par ces pénuries malgré l’existence des traitements de substitution".
Le phénomène de pénuries de médicaments ou de tensions d’approvisionnement n’est pas nouveau mais s’est aggravé ces dernières années.
Pourquoi ces ruptures de stocks ?
Plusieurs causes, combinées, nous ont amené à cette situation de tension :
- La demande mondiale de médicaments augmente de 6 % par an.
- Deux ans de Covid ont entraîné la quasi-disparition des infections respiratoires ainsi que la baisse de notre immunité face à ces maladies. Dès le printemps 2022, un rebond de ces pathologies a amoindri les stocks.
- Les effets collatéraux de la guerre en Ukraine ont aggravé la situation : difficultés d’approvisionnement en matières premières, flambée des prix de l’énergie, des matières premières (+ 25 % à + 30 %) et des coûts de production.
- Sans oublier les confinements en Chine qui ont mis les usines locales à l’arrêt.
Vers des solutions ?
Début février dernier, un comité de pilotage interministériel a pris le dossier en main, afin de « faire le point sur la situation et poser les premiers jalons d’une nouvelle stratégie en matière de prévention et de gestion des pénurie ».
Le 13 juin dernier, Emmanuel Macron a présenté un plan pour relocaliser la production de 50 médicaments, dont 25 en urgence qui « verront leur production relocalisée ou augmentée significativement […] dans les semaines à venir ». Ces projets de relocalisation sont un gage de réactivité vis-à-vis des malades et permettront sans doute à la France de retrouver peu à peu une indépendance sanitaire.
Le marché mondial des médicaments*
En 2021, le marché mondial du médicament représente 1 291 milliards de dollars de chiffre d’affaires (+ 6,8 % par rapport à 2020). 47,2 % des ventes mondiales sont réalisées sur le marché nord-américain, et 24,5 % sur le marché européen. La Chine totalise 9,7 % des parts de marché, tandis que les autres pays des zones Asie et Pacifique représentent 13,2 %. En 2021, six entreprises américaines sont dans le Top 10 des premières entreprises pharmaceutiques mondiales.
L’oncologie est la première aire thérapeutique en part de marché, suivie par les maladies auto-immunes.
*Source : Le Leem – janvier 2023
Rédaction : Karin Tourmente-Leroux
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