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Actu - Retour sur le congrès de l'EHA 2023


Chaque année, l'European Hematology Association (EHA) est un congrès majeur dans le domaine de l’hématologie (les maladies du sang). Cette année, c’est à Franckfort du 8 au 15 juin, que se sont réunis les experts internationaux de ce domaine pour présenter des pistes intéressantes et des avancées prometteuses. Nous vous proposons un tour d’horizon des nouvelles perspectives pour le traitement des cancers du sang (hémopathies malignes) qui peuvent potentiellement transformer la prise en charge des patients.


Parmi les nouveaux traitements présentés certains ont particulièrement retenus notre attention.

En premier lieu, les immunothérapies : l'immunothérapie, est déjà utilisée dans le traitement de nombreux cancers (mélanome, cancers du poumon, cancer colo-rectal etc.). L’immunothérapie ne cible pas directement le cancer. Cette approche thérapeutique stimule le système immunitaire du patient pour cibler et détruire les cellules cancéreuses. Le système immunitaire du patient lutte lui-même contre le cancer. Il existe plusieurs types d’immunothérapies que nous développerons ci-dessous.

Les immunothérapies ont également montré des résultats prometteurs dans le domaine de l'hématologie. A l'EHA, des études ont démontré leur efficacité dans certains types de leucémies, de lymphomes.

Voici une lecture approfondie des résultats de certains d’entre-eux :

  • Les immunothérapies par anticorps monoclonaux : Les anticorps sont des protéines fabriquées par le système de défense de l’organisme (système immunitaire). Leur rôle est de repérer et de neutraliser certaines substances étrangères comme les virus, les bactéries ainsi que les cellules anormales ou cancéreuses. Pour les neutraliser, l’anticorps se fixe sur une molécule, l’antigène présent sur la surface de la substance étrangère ou de la cellule anormale ou cancéreuse, et permet son élimination par le système immunitaire. Lors de l'EHA, des résultats encourageants ont été présentés avec l'utilisation d'anticorps monoclonaux dans le traitement des lymphomes (anti-CD79 couplé à de la chimiothérapie).Egalement, les anticorps bi-spécifiques ont été à l'honneur comme leur nom l'indique, ils vont reconnaître 2 antigènes mais par contre ce ne sont pas 2 antigènes présents sur la cellule tumorale. Ils vont reconnaitre un antigène présent sur la cellule tumorale (CD19 par exemple) et un antigène présent sur le lymphocyte T (CD3). Cela permet de rapprocher les cellules tumorales des lymphocytes T (cellules tueuses par contact direct par le baiser de la mort). Ces traitements ont montré une grande efficacité sur le lymphome et du myélome. En conclusion, ces médicaments peuvent agir en ciblant directement les cellules cancéreuses, en bloquant des signaux de croissance cellulaire ou en activant le système immunitaire pour détruire les cellules malignes.

  • Les CAR-T cell (Chimeric Antigen Receptor T-cells) sont un type de thérapie cellulaire très innovante. Elle consiste à prélever les cellules immunitaires du patient, les modifier génétiquement en laboratoire pour leur permettre de cibler spécifiquement les cellules cancéreuses, puis les réintroduire chez le patient. Les résultats présentés à l'EHA ont montré des réponses impressionnantes chez les patients atteints de certaines leucémies et de lymphomes (les pathologies ciblant l'antigène CD19 principalement présente sur les lymphocytes B). Les résultats ont aussi des rémissions durables chez certains patients en échec à d'autres traitements.


  • Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (appelés Checkpoint inhibiteurs). Ces médicaments bloquent les points de contrôle, permettant aux cellules immunitaires de reconnaître et d'attaquer les cellules cancéreuses de manière plus efficace. En inhibant ces points de contrôle, les inhibiteurs de checkpoint aident à rétablir et à renforcer la réponse immunitaire contre le cancer. Cela peut aider le système immunitaire à surmonter les mécanismes de défense utilisés par les cellules cancéreuses pour échapper à la détection et à la destruction. En empêchant ce "freinage" immunitaire, les inhibiteurs de checkpoint peuvent renforcer la réponse immunitaire contre le cancer et favoriser une lutte plus efficace contre la maladie. A l'EHA, des études ont confirmé leur intérêt dans le lymphome de Hodgkin et dans le lymphome NK/T nasal.

Autres médicaments et combinaisons de thérapies :

L'EHA 2023 a également été le lieu de présentation de nouveaux médicaments et de combinaisons thérapeutiques prometteurs. Ces avancées offrent de nouvelles options pour les patients dont les traitements récus précédemment n'ont pas été suffisamment efficaces. Il a été par exemple présenté des associations intéressantes pour l'anémie des patients atteints de myélofibrose ou la gestion de la polyglobulie de Vaquez en remplacement des saignées.

Enfin, la gestion des effets secondaires et amélioration de la qualité de vie a été au cœur des discussions. En effet, outre les avancées thérapeutiques, l'EHA 2023 a également mis l'accent sur l'amélioration de la qualité de vie des patients atteints de maladies hématologiques. Des études ont été présentées sur la gestion des effets secondaires des traitements, tels que les complications osseuses et les infections. Les stratégies pour améliorer les soins de soutien et la qualité de vie des patients font désormais partie intégrante de la prise en charge globale de ces maladies.

Comme chaque année, l’EHA est une place incontournable pour échanger et améliorer la prise en charge des patients. 2023 a été un événement marquant pour l'hématologie, avec des progrès significatifs sur les immunothérapies. Ces résultats restent préliminaires et il est important d’avoir à l’esprit que seule l’ équipe soignante en charge d’un patient sait le traitement qui est adapté au cancer de son patient. Les traitements et leur efficacité varient en fonction du type de maladie et du patient. Certains traitements encore expérimentaux n’ont pas encore reçus d’autorisation d’utilisation des autorités de santé et ne peuvent donc pas être disponibles .

Rédaction : Dr Pierre-Edouard Debureaux, hématologue, Hôpital St Louis




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